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  • Photo du rédacteurvbriffaut

JE SUIS AVEC épisode 2

Cette année encore Claude et Francine ont repris leur sac à dos pour repartir à Madagascar mais cette fois elles ont ajouté dans leurs bagages Sébastien Layral . Les récits qui suivent sont ses témoignages.

8h du mat pour la mise en route, ptit déj chez Eva puis on file retrouver sœur Rolande qui sera notre hôte ce jour, mais avant de faire une heure de route pour son école, nous passons faire la connaissance de Mariète, le deuxième relais Malgache en la personne de cette ancienne des Caritas. Joviale et accueillante elle nous reçoit dans la cour de la maison, elle est en compagnie de l’adjoint au maire qui vient demander si Fazasoma peut prendre un charge une nouvelle cantine. Au fond de la cour, un groupe de femmes repartissent en part individuelle de l’huile et du riz. Je vois aussi le puits fonctionner, je remarque les travaux nécessaires pour la Maison réalisée grâce à Mano Solo. Il faudra des sous pour les fissures et les peintures afin que les saisons des pluies ne viennent pas tout abimer irrémédiablement.

Une jeune femme portant des briques pour moins d'un €uro/jour, soeur Rolande et Francine.

Après une heure de voiture nous arrivons à bon port, au bout de cette route bordée de vendeurs de charbons, d’enfants remplissant des sacs de sables et cassant des pierres directement vendues sur la chaussée. Nous rentrons chez les sœurs et ces jeunes femmes nous présentent ce qui est fait avec l’aide de Fazasoma. Nous visiterons chaque classe avec un accueil très chaleureux, tout est propre et bien rangé. Il y a environ quarante élèves par classe, les cahiers sont extrêmement bien tenus pour des enfants de trois à quinze ans.

Avec leur tenue les enfants ont appris ici, bien des choses, de la rigueur, de l'abstraction, imaginer que le monde est tout autre au delà de leur point de vue, certainement un petit gout d'action pour changer les choses.

Le plus petit de trois ans font jusqu’à cinq kilomètres à pieds pour venir à l’école. Des orphelines sont aussi pris en charge. Le repas de midi étant compris, tous les enfants sont emmenés et pas un ne mange chez lui. Il y a 420 enfants tous en tenue réglementaire ici. Les sourires explosent, et je me sens très bien. Je traverse les classe d’enfants qui ont l’âge des miens. Je suis très ému et je ne serai dire réellement pourquoi. Certains de ces enfant n’ont jamais vu de blanc descendant par delà des sommets de montagnes environnantes.

On se presse alors jusqu’à la cantine qui accueille les plus petits et les profs. La chaleur y est très forte et la fumée des cuisines aussi. Elles sont plusieurs en cuisines et le feu est alimenté par des morceaux de bois que chaque enfant apporte (2 morceaux par semaine). Aujourd’hui il y a du riz et des haricots verts mélangés avec de tout petits morceaux de viande. Le prix du repas est de 0,12€.

La sœur nous montre les stocks qu’elle prépare et nous montre la gestion par rapport aux envois réguliers depuis Fazasoma. C’est un casse tête pour investir. La soeur ne cesse de remercier et je comprends bien l’interdépendance qui se joue là. Je ne sais pas si je pourrai rendre compte de tout ca mais je sais maintenant que tout ce qui est entrepris est fait de manière à arracher un peu d’humanité à l’inacceptable. Je suis pris à partie pour considérer avec soin la suite, en tant que parrain mais plus seulement.

0,12€ : 1 repas

Fazasoma verse 2.700€/an pour que tout ça soit possible dans cette école.

Je ne sais pas si c’est possible d’expliquer comment cet argent est trouvé chaque année (un peu plus par l’antenne Fazasoma de Clermont Ferrand) par des personnes pas plus fortunées que je ne le suis et qui se regroupent . Je les remercie là de tout mon cœur car je savoure chacun des sourires en pensant à eux.

Cet établissement n’a pas d’eau courante, hormis quand il y a beaucoup de pluie. L’hôpital qui se trouve au dessus s’est octroyé toutes les arrivées. Soixante seaux d’eau sont ainsi nécessaires chaque jour, il faut aller les chercher, les enfants sont mis à contribution comme pour le service ou la vaisselle. Après le repas je me rapproche des enfants et les contacts arrivent de partout, ils ont besoin de toucher mes mains, de se rapprocher, de crier leur surprise. Une grande partie sont pied-nus, et sous les blouses les vêtements ne se ressemblent que trop. Ça pousse, ça bouscule, ça s’énerve un peu mais ça se repositionne et le groupe fait corps comme une mêlée. J’entends tour à tour les prénoms de ces enfants qui peuvent me dire “je suis là”.

Tout ça est très fort, ça tape un peu partout dedans. Les sœurs remerciant avec douceur nous offrent même un petit cadeau et je ne peux retenir mon émotion que j’efface discrètement d’un coup de doigt.

Mais au fond, c’est un cadeau immense que de comprendre ce qui ce joue là : un peu d’amour et de l’eau fraîche, pas toujours simple à se procurer, changent le monde. On change ainsi le monde en commençant par se battre contre l’inacceptable et édifiante stratégie qui nous permet de manger tous les jours sur la tête des plus faibles, on change ainsi le monde en prenant le risque d'ouvrir notre regard. Que ce soit ici ou ailleurs, à portée de chapeau ou à dix mille Kilomètres, retrouver ce regard ne changera pas celui de cette fillette d’hier, croisée à Antsirabé, mais il est un chemin qui s’éclaire, tout au bout de ces yeux grand ouverts sur le monde.

A mon tour, je ne pourrai plus jamais oublier ces deux regards qui viennent du même endroit : nous.

Nous finissons la route retour par une livraison de deux cent cinquante kilos de riz pour les sœurs Maristes qui s’occupent de scolariser des enfants à Ambositra. Mais là sur le banc, les pieds sont nus et très sales et de nouveaux yeux regardent depuis nulle part. La sœur les accueille avec une voix d’une douceur profonde et leur demande ce qu’elle peut faire pour eux..

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