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JE SUIS AVEC épisode 7

Dernière mise à jour : 25 déc. 2021

Cette année encore Claude et Francine ont repris leur sac à dos pour repartir à Madagascar mais cette fois elles ont ajouté dans leurs bagages Sébastien Layral . Les récits qui suivent sont ses témoignages

Je suis au réveil, couvert du chapeau que me donne Francine, chapeau qui l’a accompagné dans tous ses voyages depuis plus de vingt ans. Le petit déj est enflammé sur l’utilité d’utiliser Facebook pour témoigner de ce qu'il se passe ici. L’action et juste l’action compte pour ces deux femmes qui permettent tant de choses. Je crois qu'informer fait partie du devoir citoyen de chacun, et ce devoir comprend l’action qui va avec.

Nous nous dirigeons sous une forte chaleur vers la salle qui accueille les personnes dont s’occupent les sœurs Mariste, elles-mêmes soutenues par FA.ZA.SO.MA., car les soins, la nourriture restent difficile à trouver aussi pour ces sœurs qui sont au nombre de 4 et qui s’occupent d’un grand nombre de personnes, sous la direction de Soeur Luigina.

Arrivé sur place, dans la salle des fêtes, je retrouve Luigina qui porte un bébé dans les bras et ses collègues. Aujourd’hui il n’y a pas de table, seulement des chaises pour les vieux, les officiels et nous. Les enfants sont assis par terre. Le spectacle similaire à celui vu hier est donné sur l’estrade de la salle.

Puis, dans la distribution à laquelle j’ai encore pris plaisir à servir les personnes présentes, j’ai croisé Jacqueline. Elle fait partie des personnes dont Luigina s’occupe et avec qui elle a un lien très fort. Cette jeune femme a été ébouillantée au visage, au torse, au cou et aux bras. Avec très peu de matériel médical et beaucoup de soins, de larmes et de courage au vu des pauvres moyens, Jacqueline s’en est sortie, elle a perdu un œil, et toute ressemblance à ce qu’elle était avant, mais elle est là. Un combat mené à deux. Et de tels combats sont menés ainsi, par Luigina, tous les jours avec les lépreux qu’elle soigne bénévolement avec toujours, très très peu de moyens médicaux.

Je fais ensuite la connaissance de Nathalie qui vient de perdre sa maman il y a quelques jours. C’est une enfant malicieuse qui s’amuse à me voir essayer de danser. Des portraits emplissent ma tête et mon cœur. Je ne sais toujours pas me protéger, même si la misère me repousse de moins en moins, je reste très impacté par chaque histoire.

Puis on me confie un petit garçon de moins de deux ans, dont la maman que je prenais pour sa sœur avait à faire plus loin. Sans être rassuré, ni farouche, il laisse lentement son corps épouser mon bras, puis serrant ma main bien fort, il se laisse aller à s’endormir profondément. Seules quelques mouches posées sur son visage, viennent lui faire faire quelques rictus.

Très attentif au spectacle, petit à petit, tout le monde est invité à venir danser au centre de l’espace festif. Les sœurs se joignent aux mendiants, aux enfants, aux bancals que la vie pousse, traîne, déchire à même le sol, sans distinction. Même si de vieilles castes semblent durer.

C’est dimanche et les jeunes gens arrivent après la messe, mieux endimanchés que les princesses qui jonchent le sol avec leurs robes en friche, décousues, dont Walt Disney ne peut imaginer la richesse de tonalités réalisables à partir d' une seule couleur. Ça se bouscule un peu et l’espace se remplit très rapidement. Et puis l’ordre revient avant la distribution, par les sœurs, des petits sacs.

A la sortie, on retrouve un vieil ami de Claude et Francine : Dadaboula. Sérieusement handicapé, il a bénéficié de toutes les attentions. Quelques années plus tôt, il avait réalisé de ses mains une guitare, vendue par Mano Solo, si mes souvenirs sont bons et qui avait permis d’aider bien d’autres personnes. Je connais cet homme par le biais des photos que je présente aux écoles françaises depuis longtemps, c’est un pur moment de le rencontrer en chaise et en os, si je puis me permettre un petit trait d’amour.

Nous déjeunons chez Sam et Jacqueline, qui nous invitent pour l’anniversaire de Claude. Un vrai festin pour ces amis de la première heure. Vingt ans à trouver les solutions pour accéder aux besoins de FA.ZA.SO.MA., alors on s’attache forcément. Ils se retirent doucement en retraite, ces Malgaches d’origine Chinoise. En quelques discussions, nous faisons le tour de monde, du canada où est leur fils, à la Chine en passant par la France, et diverses îles. Après de longues années à tenir sa quincaillerie, son cancer le ramène à essayer de profiter un peu de la vie qui lui reste. Toutes les histoires ont une fin.

“Dans la vie, ce qui compte c’est pas l’issue mais le combat” Emmanuel Cabut dit Mano Solo.

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