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CARNET DE VOYAGE DENIS

20 Octobre

Hello tous Bien arrivés à Madagascar, lundi matin, sur les coups de 7h, après une dizaine d’heure de vol. Pas le temps de se poser, direction Ambrositra, 5h de route (elle a été refaite il y a quelques années). Effectivement, la misère est présente partout, cela saute aux yeux. Et elle augmente, comme les prix : charbon (x2 en 1 an), ciment (x3 en 2 ans), riz, carburant (évidemment), etc. Pour info, avec 80 euros ici, on est millionaire en franc malgache !!! Sachant qu’un kilo de riz coûte 5000fmg, mais que beaucoup n’ont rien… Hier, pour bien débuter mon séjour, première visite à la prison. Mais seulement les quartiers des mineurs et des femmes. Inutile de préciser l’état des lieux, c’est indicible. Mais les conditions s’améliorent quelques peu : l’an dernier, elles étaient une trentaine dans 25m2, cette année, elle ne sont… que… 13. Mais la règle est terrible : pas d’avocat, pas de procès ! Ainsi, certaines femmes sont en prison (pour avoir volé de la nourriture, ou alors pour avoir tué leur mari) depuis 5 ou même 7 ans, sans procès !!! Bref, je vous donnerais d’autres détails plus tard. Demain, jeudi, on part à Fianarantsou.

22 Octobre

Hello tous Voilà déjà une semaine de passée, à la vitesse d’une marée dans la baie de Saint Malo ! Mardi après-midi, nous sommes passés voir les enfants de la Maison et de l’Annexe (qui est située à 50m de la Maison), qui sont maintenant au nombre de 36 : 24 enfants recueillis à la Maison (certains sont orphelins, mais beaucoup ont été pris en charge par Fazasoma, car les parents ne peuvent pas s’en occuper, par manque de ressources financières) plus 12 enfants et leurs mamans à l’Annexe (qui n’ont pas les moyens de payer un logement). Mercredi matin, petit déjeuner avec Sœur Luigina, qui nous a ensuite emmenés visiter le local de Caritas, où sont distribués des repas tous les lundis, mercredis et vendredis midi pour les sans-abri (jeune ou vieux, homme ou femme). Fazasoma va financer une partie de la nourriture (et ce, de façon régulière), et distribuer des couvertures, du savon (de l’or en barre ici), etc., lundi prochain. Jeudi matin, nous faisons route sur Fianarantsou. Nous arrivons juste à temps pour la distribution du repas du midi au Centre Social du Bon Samaritain (dirigé par le pasteur Joseph) pour les nécessiteux (en moyenne 170 personnes par jour). Au menu : du riz, des haricots, et un morceau de viande par gamelle ! Et de l’eau de riz pour la boisson. Suit la distribution des cahiers pour les enfants scolarisés. Après le déjeuner avec le pasteur et sa femme, nous allons voir le puits financé par Fazasoma (un abri a été construit autour) et la maison (encore en construction) où sera installée la décortiqueuse de riz (financée par Fazasoma) qui permettra une plus grande autonomie financière du centre social. Le lendemain matin, nous partons pour le village de Fehizoro Ankerana (situé à 40 kms deFiana). Ce village a la particularité d’être un village où sont traités des malades mentaux : des familles du village hébergent un malade chez lui (on est loin de l’asile psychiatrique où sont « parqués » les nôtres, chez nous…). On visite le dispensaire en cours de construction, financé par Fazasoma, sous la tutelle du « Petit Père » Dada Samy, un autre pasteur, qui oeuvre dans ce village. Nous rentrons le midi sur Fiana, et dans l’après-midi sur Ambositra. Samedi est le jour de marché à Ambo, nous en profitons donc pour faire les courses pour la distribution à Caritas, lundi prochain. Et l’après-midi, nous allons voir les sœurs Maristes, Luigina et ses acolytes. Cet après-midi, nous retournons voir les enfants de la Maison Bises à tous Den’s

PS – on espère que ça avance de coté concert, car du nôtre, il se profile plein de projets où il y aura besoin de sous !!! Je vous ferais le point courant de la semaine, dans mon prochain mail.

27 Octobre

Hello tous Voilà une semaine qui a démarré sur les chapeaux de roues, avec lundi matin, une distribution de riz dans les locaux de la Caritas. Caritas est une institution gérée par les soeur de la congrégation Mariste dont le but est de fournir une aide aux pauvres. Ce lundi, ce sont donc plus d’une centaine de personnes qui ont reçu un peu plus d’un kilo de riz (en tout, 125 kg de riz ont été distribués, soit 2 sacs et demi, ce qui représente un peu moins de 80€), ainsi qu’un pain et savon (exceptionnellement). Fazasoma aide financièrement et régulièrement Soeur Luigina et la Caritas pour assurer cette distribution. Après-midi assez mouvementée : une herboriste (qui a un petit étale dans le quartier) vient demander de l’aide à Madame Eva et sa mère (respectivement présidente et trésorière de l’association). Elle est très malade (descente d’organe, assez fréquent chez les femmes, qui portent souvent de lourdes charges sur leur tête dès l’enfance…) et doit être hospitalisée d’urgence. Evidemment, elle n’a pas de quoi aller à l’hopital (payant ; les frais d’hospitalisation ont augmenté, comme le reste, et en plus, les malades doivent se faire apporter de la nourriture par un proche). Le bureau de Fazasoma décide de prendre à sa charge son hospitalisation et de placer, le temps nécessaire, ses 3 jeunes enfants à l’Annexe. Mardi, levé tôt, je monte voir avec Mme Eva les enfants à la Maison sur les coups de 6h : ils sont en train de petit-déjeuner, ensuite c’est révision avant d’aller à l’école à 7h. Ensuite, je rejoins Claude, Francine et Soeur Luigina pour aller voir Laurent, un protégé de Soeur Luigina. Il nous guide à travers les rizières (non, je ne suis pas tombé dedans…) jusqu’à sa maison, dont le vieux toit en tuiles menace de s’effondrer à la première pluie, menacant du coup ses 5 enfants. Etant à moitié aveugle et un peu agé (et veuf), il ne trouve pas de travail…Fazasoma décide de l’aider à refaire son toit (il faut compter une centaine d’euros en tôles et main d’oeuvre). Nous passons l’après-midi à la Maison. Fazasoma a acheté une dizaine de paillasses (matelas en plastique), que nous commencons à remplir d’épines de pin séchées (plus confortable que la paille, paraît-il). Les paillasses iront compléter l’Annexe, quelques unes sont offertes à des familles, voisines de la Maison et de l’Annexe. Coût d’un mtelas de 80 cm rempli : 2 euros et des poussières… Mercredi matin, nous rendons visite à la petite herboriste à l’hopital. Elle a subi des analyses, l’affaire suit son cours ( »mura mura », doucement doucement…). Nous retournons ensuite à la prison, pour distribuer des vêtements et des savons aux mineurs et au femmes, ainsi que 7m de tissu et du fil de couture pour que ces dernières puissent faire un peu de broderie. Dans l’après midi, nous visitons le logement que Jacqueline, une des petites protégées de Claude et Francine, a trouvé récemment : une moitié de pièce (séparée en deux par des toiles en plastique), dans une maison qu’il serait réaliste de qualifier de vétuste, au sol en terre battue, une vieille pailasse dans un coin, quelques vêtements, quelques gamelles, la misère sur quelques mêtres carrés… Claude et Francine décident d’aider Jacqueline à payer son loyer (environ 2 euros par mois). Tôt, jeudi matin, je retourne faire quelques photos du quartier de Jacqueline, avant de partir avec Claude et Francine à Marivo. Marivo est un centre de santé, où les soins sont gratuits cette fois (mais il n’y a pas de bloc opératoire, à l’opposé de l’hopital). Le centre est géré par Luciano depuis une vingtaine d’années, et financé par diverses institutions internationnales. Nous retrouvons Soeur Luigina, qui prodigue des soins à une véritable cour des miracles : un lépreux, un garçon atteint d’un cancer purulent à la jambe (qui crée un œdeme au pied), une petite fille dont les pieds sont infestés de vers (qu’elle a sûrement attrapés en jouant dans les bourbiers qui font office de caniveaux), une femme gravement brulée il y a un an et qui a été amputée d’un bras (accident domestique), etc. Claude, ancienne infirmiere, discute médécine avec Soeur Luigina. Nous visitons ensuite l’atelier, où sont fabriquées des prothèses par deux togolais, et la section des handicapés mentaux, une autre cour des miracles. Claude m’explique que les cas présent ici, n’existent plus en Europe, grâce à l’échographie et au suivi des femmes enceintes. Le travail effectué dans ce centre est impressionnant, de bonté de coeur et d’humanisme. L’après-midi, nous retournons à la Maison, pour la « livraison » des paillasses aux femmes du quartier. Cela fait plaisir de passer du temps avec les enfants et de voir toutes ces femmes, très contentes d’avoir un nouveau lit, après la rude matinée qu’on a passée…

28 Octobre J’ai oublié de préciser quelque chose dans mon précédent mail : lors de notre visite à Marivo, M. Luciano a demandé à Claude et Francine si Fazasoma pouvait prendre en charge deux enfants dont la mère est décédée à l’hôpital. Après concertation avec le bureau de Faza, les Mémés ont (je dirai « évidemment ») accepté, et se chargent actuellement de trouver une famille d’accueil. Fazasoma aura donc la charge de payer la pension pour ces 2 enfants, une fois que la famille d’accueil aura été trouvée et que les enfants auront été confiés « en douceur ». Cela fait donc, depuis notre arrivée, six nouveaux enfants pris en charge par l’association !!! Jusqu’à présent, je vous ai décrit ce qui se passait au jour le jour à Ambrositra, quelles étaient les actions menées par Fazasoma, c’est-à-dire par Claude et Francine, mais aussi par Eva, la présidente de Fazasoma, et sa mère, la trésorière (ces deux dernières étant sur place tout au long de l’année), ainsi que Rémi, une guide touristique hollandaise, qui a monté une association aux Pays Bas pour soutenir l’action sur le terrain. D’un coté, il y a les actions régulières (quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles), comme par exemple, distribuer du riz aux pauvres (via la Caritas), du savon et du pain, nourrir une trentaine d’enfants (à la Maison et à l’Annexe), l’aide au mineur des prisons, etc. Ce sont des actions « de fond », dont s’occupent les membres malgaches de l’association, et dont on peut assez facilement faire une estimation financière (en tenant compte quand même des variations de prix : je rappelle que tous les prix ont augmenté en moyenne de 30% en une année). Disons que c’est le « poste fixe » de Faza… D’un autre coté, il y a les actions « ponctuelles », « exceptionnelles », « de rue », gérées principalement par Claude et Francine, lors des 3 mois qu’elles passent à Madagascar. Il s’agit des « situations d’urgence », comme par exemple, les 3 enfants de l’herboriste hospitalisée, les 2 enfants confiés par Luciano – tous pris en charge par Fazasoma, l’aide à une femme en difficulté – connue depuis quelques années, etc… Toutes ces actions sont imprévisibles, donc il est très difficile de les budgétiser… Mais il y a aussi les « projets », menés à moyen terme, comme par exemple le financement de l’achat d’une décortiqueuse, l’aide à la reconstruction d’un toit, le financement de la construction d’un dispensaire, l’achat de couvertures pour les prisons et les pauvres, etc. Ce poste est, disons, plus facilement « évaluable » en terme financier (il n’y a, a priori, pas de surprises).

29 Octobre Voilà une journée bien remplie !!! Encore levé à l’aube, pour être à 6h à l’hopital pour faire une visite au service médecine, en compagnie de Soeur Luigina (qui visite souvent les malades). On a distribué une centaine de pains (achetés par Faza) aux tuberculeux, enfants malades, et autres… Encore une cour des miracles ! Le plus touchant et révoltant, a été de voir une femme, avec ses 5 enfants, dans le service de traitements des tuberculeux. Un de ses enfants est atteint, mais comme elle n’a pas les ressources nécessaires pour faire garder ses 4 autres enfants quand elle veille le malade, et bien ils sont tous ensemble, sur un seul lit Autant dire que les autres enfants ont une forte chance d’attraper aussi la tuberculose. Dire que cette maladie est un des plus gros programme de l’OMS, avec le palu et le sida… No comment. Heureusement, ce midi était prévu un casse-croûte, payé par Faza, à la Maison, avec tous les enfants et les mamans de l’Annexe (au total, une cinquantaine de personnes). Au menu, un sandwich avec de la viande, des samossas, un yaourt : ça change du riz-sauce, succès garanti !!! Vers 15h, un prêtre est venu nous chercher pour nous emmener dans son village, à une dizaine de kilomètres d’Ambositra. Là nous attendait une assemblée d’une vingtaine de femmes, toutes veuves ou abandonnées par leurs maris, avec entre 3 et 9 enfants à charge ! (il faut dire que les malgaches sont assez forts pour faire des enfants, mais assez mauvais pour s’en occuper…). Quelques veufs complétaient l’assemblée. Après la présentation rapide de chacun (français et malgaches), nous avons abordé le sujet de cette petite réunion : les femmes, qui n’ont quasiment aucune ressource, souhaitent acheter en gros des plants de pommes de terre et des graines de haricots verts, afin de les cultiver pour se nourrir et pour vendre le surplus, acquérant ainsi une autonomie relative. De plus, madame la maire a demandé s’il était possible à Faza de financer la construction de puits, pour ces cultures. A terme, il y aurait un puit par quartier, soit cinq puits au total – certains quartiers sont distant de 5 kms du centre du village, ce qui rend l’idée d’un puit central illogique.. Ces deux projets rentrant complètement dans l’esprit de l’aide que Fazasoma souhaite apporter (une aide qui aboutirait à terme à une plus grande autonomie), et au vu du sérieux de Mme la Maire et de l’assemblée, Claude et Francine ont tout de suite donné leur accord, et demandé des devis pour l’achat des graines et des plants, et pour la construction des puits… L’eau, c’est la vie !

7 Novembre Oups, voilà une semaine bien chargée. Tellement chargé que je n’ai pas eu le temps de donner des nouvelles… Donc, dimanche et lundi dernier, Claude et Francine ont fait une pause : pas de visite, pas de recherche de devis, juste un petit passage à la Caritas lundi matin. Elles m’ont donc fortement conseillé d’aller faire un tour en pays Zafamaniry. Je me suis donc exécuté : j’ai dégotté un guide, une voiture, et zou, c’est parti ! ET là, grosse baffe encore : J’ai eu l’impression de faire un voyage dans le temps, au Moyen Age (attention, ce jugement n’est nullement péjoratif) : pas d’eau, pas d’électricité, il faut marcher entre 2 et 3h entre chaque village, et une misère… Les pauvres d’Ambositra semblent bien propres à coté des enfants en guenilles de Falerivo. Mais ceux-ci ont le sourire et donnent du « vahasa » à tout bout de champs… A mon retour, nous rencontrons le père Nonne en fin de journée, pour récupérer le devis concernant les graines d’haricots, les plants de patates, le fumier, etc. pour lesquels l’assemblée des femmes avait demandé de l’aide à Faza. Mardi matin, remis de mes émotions, je fais un tour avec un autre guide sur les hauteurs d’Ambositra. Encore 3h de marche dans la matinée… L’après-midi sera consacré à la Maison, avec distribution de vêtements. Les enfants sont ravis, mais c’est le moment de leur dire au revoir, « veloumo », avec un petit pincement de coeur malgré les sourires ; Claude, Francine et moi, faisons la route mercredi matin avec Mme Eva vers Antsirabe. Nous avons rendez-vous dans l’après-midi avec Père Davidson, un ami de Père André-Marie, que Claude et Francine connaissent bien. Les mémés m’expliquent que cet ancien gendarme, reconverti en prêtre, s’est lancé d’un coté dans une lutte contre la corruption (et ce n’est pas une mince affaire à Mada…) et de l’autre, dans une lutte contre la pauvreté : comme Faza, il a recuilli plus d’une vingtaine d’enfants sur les décharges d’Antsirabe. Evidemment, Claude et Francine, via Faza, ont donné un coup de pouce au Père Davidson. Nous visitons donc l’extension de sa maison, en cours de construction (les enfants n’auront plus à dormir tous dans la même pièce pendant la saison des pluies…). Jeudi est consacré à la visite d’un autre dispensaire, dont la construction a été financée par Faza, dans un village à une centaine de kilomètres d’Antsirabe (dont une bonne quinzaine de piste plutôt cahoteuse !). Vendredi, après une ballade touristique aux alentours d’Antsirabe, avec Père Davidson et quelques-uns uns de ses enfants, nous faisons le tour des quincailleries dans l’après-midi, pour lui acheter des tôles, des clous et du bois, afin qu’il finisse le toit de sa « maison d’accueil ». Enfin, samedi, c’est le retour vers Tananarive, la capitale. Nous sommes hébergés par un pasteur et sa femme, grands amis de Claude et Francine. Cela sent le départ… Mais pour partir avec bon dans le coeur, nous avons assisté ce dimanche matin, à la messe du Père Pedro. Cet homme est un peu l’Abbé Pierre de Mada : il a « sorti » plus de 22 mille personnes de la misère, dont plus de 8000 enfants, fait construire des villages entiers aux abords de Tana, grâce à une aide extérieur et aux travail des femmes. Cet homme, au charisme évident, conduit sous nos yeux une messe devant des milliers de personnes rassemblés dans un gymnase… Cela me laisse sans voix. Demain, je reprends l’avion, le coeur un peu triste mais les yeux chargés d’images, après trois trop courtes semaines de découvertes, d’émotions, de kilomètres avalés… Mais ce n’est que le début de l’aventure : une trentaine de pellicules attendent d’être développées, quelques heures de vidéo à derusher et monter, et ensuite, montrer, raconter et expliquer… Jusqu’à un prochain voyage à Mada ! Veloumo





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